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UN VIEUX BOUGRE

prévenait de sa sympathie. Une voix appela :

— Mabrouka !

Quand Gaspard se retourna, la belle fille quittait la fenêtre. Elle y reparut pour disparaître aussitôt : cela fit une clarté et de l’ombre sur l’âme simple de l’homme. Il continua sa route, plein d’un bonheur étrange, fanfaron, le pas léger, et ses sabots sonnaient au sol.

Pour une remarque au sujet des bohémiens qu’on accusait de maraude, il faillit se battre. Il trouva la soupe mal cuite, jeta sa gamelle et il laissa partir sa femme en pleurs. La conscience de son injustice le blessa. Il abattit la besogne de deux ouvriers, pour se soustraire au regret de ses colères. Mais il n’oublia ses torts que par le charme des yeux de la gitane.

Elle semblait l’attendre, assise sur le marchepied de la roulotte. Trois enfants à la peau basanée jouaient par terre, d’une casserole percée qu’ils emplissaient de cailloux. À côté, une vieille grattait des racines et elle les jetait ensuite dans un seau. Mal dissimulé sous la voiture, un vieillard plumait une poule.

— Mabrouka ! fit-il sur un ton de reproche