Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
UN VIEUX BOUGRE

qui bouillonna, à la chaleur de leurs mains. Et un homme vêtu de noir, la face minable et grave sous une perruque à cataquois, leur prédit la mort après des vicissitudes, des joies, ainsi qu’il le pouvait honnêtement à tous ses clients de bonne volonté.

— Ça n’est pas gai, c’truc-là ! regretta Mlle  Rubis, très impressionnée par l’oracle.

Michel jouait l’incrédule ; cependant, il aurait préféré qu’on ne lui parlât pas de la mort.

— On va toujours boire un verre ! proposa-t-il.

Elle refusa ; mais elle le suivit au café plutôt que de le perdre. Ils burent en silence. La foule s’écoulait, laissant des vides sur la chaussée. Les illuminations s’éteignaient, les bruits s’assoupissaient sous la majesté des étoiles et du ciel. Parfois, un sifflement aigu vrillait l’espace ; un autre, lointain, répondait ; et la torpeur ensuite était plus grande, absorbant le fracas des trains qui ébranlaient le pont et balayaient d’une molle clarté la Seine impure et sombre. Mlle  Rubis songeait, attristée par les contrastes qui animaient sans cesse le