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UN VIEUX BOUGRE

vaient et il baisait indifféremment Mlle  Youyou et Mlle  Rubis pour les honorer. Il convia le facteur à sa table et des hommes se dérangeaient, avançant leur verre pour qu’il l’emplît de vin et pour trinquer avec les dames. Il les présentait, sans omettre de signaler l’absence de Michel :

— J’m’en fous… si y reste chez ses vieux… j’m’arrangerai de sa femme… J’en ai vu bien d’autres !…

Les allusions grossières lancées des quatre coins de la salle comble le mettaient en verve et elles excitaient Mlle  Rubis. Grand-Menu se dépensait, suant, loquace comme aux jours de marché. Des femmes qui passaient, par groupes, s’arrêtaient devant la porte ; elles regardaient, et elles disparaissaient. L’air était chaud. Une fumée dense y était suspendue et l’odeur vineuse dominait. Dans un court répit, cette supplication parvint :

— Loriot, mon homme… je t’en prie… n’y va pas !…

Une voix mâle trancha, durement :

— J’irai, que j’te dis !… Assez !…