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UN VIEUX BOUGRE

Tenant le dossier d’une chaise, Michel secouait la tête. Gaspard détacha avec douceur les doigts de sa petite amie croisés contre sa nuque, et, les gardant entre ses mains énormes, il trouva ces mots de pitié :

— Allons, mon gas… tu t’plains qu’la mariée est trop belle !… Embrasse Rubis… Pour le reste, on verra d’main à en causer… Embrasse-la, que j’te dis !

Mlle Rubis accepta le baiser de son amant ; et c’est au vieillard qu’elle souriait.

— On va mettre le couvert ! proposa Mlle Youyou.

— C’est ça ! Et tu vas aider, Michel, pour t’changer les idées ! s’écria l’ancien.

Tirant son couteau, il tailla le pain pour tous, comme il avait l’habitude ; et le garçon d’un restaurant proche apporta le dîner. Mais quelqu’un se présenta à la porte entr’ouverte. Nul ne l’avait remarqué. Il semblait avide de voir. L’œil vif, il attendit le départ de l’homme aux victuailles pour avancer et dire :

— Le nommé Gaspard Michel ?

Le vieux se retourna. Il avait gardé son