Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
UN VIEUX BOUGRE

Michel évita les yeux de Mlle Rubis qui le guettaient. Elle intervint :

— Moi, ça n’compte pas, parbleu !

Il leva les épaules et il dit, péniblement :

— Tu viendrais… quand j’aurais préparé mes vieux…

Gaspard saisit Mlle Youyou dans ses longs bras et il protesta :

— Partout où qu’j’irai, moi, elle ira !… V’là comme on parle, Michel !… T’as peur de c’qu’on dira ?… C’est pas d’mon sang, j’ai pas mieux à t’dire…

Il se faisait dans Mlle Rubis un obscur travail. À l’idée de perdre Michel, elle avait connu, dans une douleur, la force de son attachement à lui. Le geste de Gaspard venait de dissiper cette impression et elle ne savait plus, du grand’père ou du petit-fils, lequel lui valait l’angoisse qui dilatait son cœur dans sa poitrine, séchait sa gorge et lui provoquait aux tempes ce froid humide. Elle tressaillit au claquement d’un baiser que Mlle Youyou donna à son maître, et elle éprouva un dégoût haineux de la joie gamine dont sa cadette était saisie.