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UN VIEUX BOUGRE

Mlle  Youyou reprit, joyeuse : — On a été dans l’île… à la Jatte… Y avait qu’nous… On a bien passé l’temps !…

— Tant mieux, si vous vous êtes amusés… Moi, j’m’embête bien pour quatre…

— C’est pour pas s’embêter, imbécile, qu’on va s’prom’ner et boire ! déclara le vieux.

Michel, résolu, alla vers lui, et il avoua :

— J’m’ennuie du pays… Faut qu’j’y r’tourne, l’grand-père… ou alors…

— Ou alors ? répéta l’aïeul.

— Ou alors, j’s’rais trop malheureux.

Les femmes, curieuses, les contemplaient. Face à face, — Michel très intimidé quoiqu’il soutint le regard dont Gaspard le jugeait, — leur ressemblance apparaissait. Hauts de stature, larges, le crâne bossué, les mâchoires saillantes, ils portaient les signes d’une race opiniâtre. Chez Gaspard, le menton était aussi fort que Michel l’avait fuyant ; mais c’était l’unique disparité entre eux.

— Tu veux donc r’tourner au pays ?

— Ah ! oui, que j’voudrais !

— Et ta femme ? demanda l’aïeul.