Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
UN VIEUX BOUGRE

lui donna du coude dans le flanc et il déclara :

— On vous réclam’rait ben pou’ garni’ son lit !…

— T’en as un œil, mon gosse !… En attendant… histoire d’ causer… on boirait bien une menthe, tu sais ?

Enthousiaste, Michel les emmena ; et ils s’assirent en pleine fête, sous la tente d’un cabaret. Le militaire pensait des choses audacieuses. Il s’épongea le front, et il prononça ces mots :

— Vous avez des beaux cheveux noirs…

Elle toucha son chignon décoré d’un peigne sombre à grosses boules, puis :

— Si t’as du perlot… j’aim’ mieux ça que l’ boniment, mon vieux… Et tu peux m’ donner l’ nom d’ ta promise… au lieu d’ m’app’ler Rubis comm’ tout l’ monde…

— Rubis ? s’informa-t-il, et il lui tendait son tabac.

— Quoi ! ça t’ défrise ?… Ben, oui… moi, c’est Rubis… et ma frangine, c’est Youyou… on n’a jamais su pourquoi…