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UN VIEUX BOUGRE

j’paierai pou’sa messe de mort. » Elle se le rappelait avec une crainte mêlée d’intime espérance. Quand ses yeux contemplaient le bénitier de nacre, au fond de l’alcôve, ce double sentiment dirigeait encore son cœur rancunier.

La première, elle envisagea les conséquences pratiques de la disparition de l’aieul :

— Y a huit jours d’ça qu’il a parti… T’as fait écri’deux fois au p’tit… On n’a pas eu s’ment un bout d’lett’… On pourrait aller voir à la ville chez l’notair’…

— L’père n’est point défunt qu’on sache…

— Diras-tu s’y vit, à c’te heur’ ?

— Ah ! toi… tu s’ras point prise à court… J’m’entends !…

— Prends gard’que t’en auras la peur, encore que tu l’aurais vu descend’au trou !

— Il est mon père… et je l’respec’…

— Un comm’lui… l’respecter !… un qu’a fait on n’sait quoi d’ses mains, des ans et des ans… qu’sa femme… ta mère à toi, et bonne, et honnête !… elle est morte bien d’vant l’âge !… L’respecter ! lui !…