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DES ÉPIDÉMIES

fois dans les quarante-deux histoires de malades. Lorsque la présence des objets n’excite pas dans l’ame des idées conformes à ces mêmes objets, si le malade voit des objets qui n’existent pas, entend des sons différents de ceux qui frappent les oreilles des assistants, etc., il y a παράκρουσις, erreur, imposture des sens, en un mot hallucination, définie dans le Dict. de Nysten : toute erreur des sens par lesquelles un individu croit voir, entendre, toucher des objets qui n’existent pas. Παρακρούειν exprime l’erreur de l’imagination, qui peut s’étendre sur peu ou beaucoup d’objets, ou sur tous les objets ; d’où Hippocrate dit : παρακρούειν σμικρά, πολλά, πάντα ; et, comme le remarque très bien Desmars (loc. cit., p. 280), nous trouvons souvent dans les histoires πάντα παρέκρουσε, mais non πάντα παρέλεγε, seulement σμικρά ou πολλὰ παρέλεγε.

Je réunis ici l’interprétation des principales expressions servant à caractériser dans les Épidémies les espèces de délire ; j’emprunte une partie de ces remarques à Desmars, critique éclairé et érudit. — Λῆρος, que j’ai rendu par le mot délire, παράληρος, ληρεῖν, παραληρεῖν, sont employés douze fois dans les histoires. Παράληρος se trouve encore quatre fois dans les constitutions, savoir : une fois dans la première, une fois dans la deuxième, et deux fois dans la quatrième. Il est employé négativement dans les descriptions des causus de la deuxième et quatrième constitution, dans lesquelles Hippocrate dit que les malades n’étaient point παράληροι ; et deux fois positivement dans la description des phthisies de la première et quatrième constitution ; d’où il suit que παράληρος exprime le délire propre des causus ; autrement il n’eût pas été convenable de faire entrer dans leur description la négative de ce symptôme. Aétius (Tetrab. II, serm. II, cap. 22), dit que λῆρος diffère de μώρωσις en ce que dans celui-ci les discours du malade ont une suite ; mais dans le délire, les propos n’ont aucune connexion. Παραφρονεῖν exprime le délire commun des fièvres, tant du causus que du phrénitis. Hippocrate, dans le Pronostic et dans le Régime, n’emploie pas d’autre terme pour exprimer le délire en général ; ainsi παραφρονεῖν emporte la dépravation de l’imagination et du raisonnement, avec passion ou affection de l’ame. — Παραφέρεσθαι marque spécialement un transport, un mouvement corporel. — Παρακόψαι est, suivant Galien, une espèce de délire supérieure aux précédentes. Ἐκμανῆναι exprime le délire furieux. (Voir note 25 du traité des Airs, des Eaux et des Lieux.) Παραλέγειν est employé treize fois dans les histoires des malades, et une fois seulement dans les constitutions. Galien ne nous laisse pas ignorer sa signification ; au chap. 10, liv. II du