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de beaucoup d’autres. J’ajouterai, suivant la remarque de ce dernier, que la rédaction du Serment date évidemment d’une époque où les confréries médicales étaient en pleine vigueur, ce qui ne peut guère se rapporter qu’au temps où florissait Hippocrate. D’ailleurs Platon (de Leg. iv, p. 720, A) confirme ce qui est dit dans le Serment sur la transmission de la science aux enfants par les pères, transmission qui a fait la gloire des Asclépiades et en particulier de ceux de Cos. Il nous apprend, en effet, qu’il y avait deux espèces de gens traitant les malades : les serviteurs des médecins, appelés aussi médecins et qui n’apprenaient que par routine ; les médecins proprement dits, formés par une vocation naturelle et par les préceptes de leurs pères. J’apporte une preuve nouvelle de l’authenticité du Serment en établissant dans la note 5) que la double forme d’enseignement admise dans ce petit traité le place à peu prés certainement à l’époque de Platon, contemporain d’Hippocrate. — Le Serment, qui imprimait quelque chose de si solennel et de si sacré à l’exercice de l’art, était prononcé par les médecins au moment où ils allaient entrer en fonctions.

Cette petite pièce se en trois parties : la première comprend l’invocation ; la deuxième l’exposition des devoirs que le médecin s’engage à remplir envers son précepteur, sces propres élèves, ses malades et envers lui-même ; la troisième contient l’imprécation.

LE SERMENT[1].

Je jure par Apollon médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée (1), je prends à témoin tous les dieux et toutes les déesses (2) d’accomplir fidèlement, autant qu’il dépendra de mon pouvoir et de mon intelligence, ce serment et cet engagement écrit ; de regarder comme mon père celui qui m’a enseigné cet art, de veiller à sa subsistance, de pourvoir libéralement à ses besoins, de considérer ses enfants comme

    prétation sont inconnues, elle n’a donc aucun poids. Fritzsche, dans son édition des Thesmophoriazuses, Leipzig, 1838, change le texte en s’autorisant bien à tort du ms. de Ravenne, et veut qu’on lise Ὑωκράτους (conducteur de porcs) au lieu d’Ἱπποκράτους. (cf. p. 101, sqq.). Du reste, le passage en question a été très-mal compris des traducteurs français d’Aristophane.

  1. ΟΡΚΟΣ, Jusjurandum.