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nique. Antyllus (loc. cit.) divisait les πεσσοί en trois classes : les émollients contre l’inflammation ; les apéritifs pour attirer les purgations et ouvrir l’orifice de l’utérus ; les astringents pour resserrer la matrice relâchée ou pour la relever lorsqu’elle est tombée. — Cf. pour de plus amples détails, Triller, Clinotechnia, Francfort et Leipzig, 1774, in-4o, p. 192 et suiv.

7. Ce passage a grandement embarrassé les commentateurs, et a donné lieu aux opinions les plus paradoxales (Cf. entre autres Haller, Bibl. med., t. I, p. 65, et Sprengel, Hist de la méd., t. VII, p. 209). La seule qui me paraisse admissible, c’est que dès le temps d’Hippocrate, l’opération de la taille rentrait dans les spécialités, et qu’il y avait des lithotomistes[1], comme il y en a eu dans les temps plus modernes, comme il y a de nos jours des lithotribes. Nous pouvons, du reste, appuyer cette assertion sur le témoignage d’Hérodote. Il nous apprend en effet qu’en Égypte il y avait des médecins pour toutes les maladies : des médecins pour les yeux, pour la tête, pour les dents ; des médecins pour les régions du ventre (τῶν κατὰ νηδύν), et d’autres pour les maladies invisibles (Hist, II, 84). Qu’y a-t-il donc d’étonnant que quelques années plus tard Hippocrate parle de gens qui s’occupent spécialement de lithotomie ? — Cf. Meibom, chap. 16e, mais surtout Boerner, qui est moins diffus et plus clair. — F. Boerneri super locum Hippocratis in jurejurando maxime vexatum, meditationes, Lipsiæ, 1741, in-4o, 22 pages, reproduit dans Noctes guelphicæ, p. 135 et suiv.

8. Galien (de optimo Medico, t. I, p. 59) dit : « Celui qui aime véritablement la science et l’étude ne doit ni s’enivrer, ni se gorger de nourriture, ni s’abandonner aux plaisirs de Vénus, en un mot il ne doit pas se faire l’esclave de son ventre et de ses honteux penchants. Le vrai médecin doit être l’ami de la modération comme de la vérité. »

  1. C’est par abus qu’on a donné ce nom à ceux qui s’occupent de l’opération de la taille, et qu’on a appelé lithotomie l’opération elle-méme. Lithotomie (de λίθος et τέμνω) signifie proprement section de la pierre. Or, dans l’opération de la taille on ne coupe pas ordinairement la pierre, mais seulement les chairs. Cet abus de langage vient sans doute de l’inintelligence d’un passage de Celse (VII. 26, 3), où il est dit qu’Ammonius (d’Alexandrie) avait été surnommé λιθοτόμος ; mais Celse prenait ce mot dans son acception littérale, et non pas dans le sens que nous attachons aujourd’hui au mot lithotomiste. En effet, cet Ammonius est l’inventeur d’un procédé qui consistait à briser, à l’aide d’un instrument qu’il avait imaginé, la pierre dans la vessie, quand elle était trop grosse pour passer à travers l’incision des parties molles. L’invention d’Ammonius contient en germe celle de la lithotritie.