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des femmes (Cf. Foës, Œcon., au mot μήλη). 2°. La seconde espèce est très singulière ; elle est décrite dans le traité de la Nature de la femme ( Foës, p. 586). L’auteur veut qu’on prenne un morceau de chair de bœuf (σάρκα βοός) de la grosseur du gros orteil et de la longueur de six travers de doigt, qu’on l’enduise d’un mélange dont il donne la composition, puis qu’on l’entoure de laine trempée préalablement dans le même mélange, qu’on exprime le tout et qu’on introduise ce pessaire dans le vagin, en ayant soin d’attacher un fil de lin à l’extrémité libre, afin de pouvoir le retirer plus facilement. Cette dernière précaution a été renouvelée par Antyllus pour les pessaires ordinaires (Paul d’Égine, VII, 24). 3°. On trouve très souvent la mention de pessaires faits avec des résines, avec la tige, les fruits et le bulbe de certaines plantes, etc., recouverts ou non de laine, et trempés dans des médicaments ; 4°. les pessaires les plus usités étaient faits avec une mèche de laine repliée sur elle-même, probablement attachée avec du fil, imprégnée de mélanges de diverse nature. — Le premier auteur qui à ma connaissance ait donné au προσθετὰ φάρμακα d’Hippocrate le nom de πεσσοί, est Soranus (p. 58 et suiv., 232 et 260, éd. de Dietz). Ce mot désigne pour lui tantôt le mélange médicamenteux lui-même, tantôt le véritable πεσσός. Cette double signification se retrouve dans Galien (t. XII, p. 332), dans Myrepsus (éd. d’Est., p. 556), et dans d’autres auteurs encore. — M. Malgaigne, dans sa belle et savante édition d’Ambroise Paré (t. I, Introd., p. xcv, et t. II, p. 742 et suiv.), ne fait pas remonter l’invention des pessaires solides au delà du xve siècle ; il la rapporte à Matthieu de Gradi. Ces pessaires étaient en cire, revêtus de laine, trempés dans des mélanges médicamenteux, et placés à demeure dans le vagin pour soutenir la matrice. L’assertion de M. Malgaigne ne me parait pas exacte. Les pessaires solides employés contre les chutes de matrice remontent jusqu’aux auteurs de la collection hippocratique. On trouve en effet dans le IIe livre du traité des Maladies des femmes (p. 650, éd. de F.), la mention de grosses canules de plomb laissées à demeure dans le vagin pour ramener à sa position naturelle la matrice déviée. On voit aussi dans le IIe livre de ce même ouvrage (p. 656) ; dans le traité des Femmes stériles (p. 687), et dans celui de la Nature de la femme (p. 564), que l’on se servait contre les chutes de matrice, d’éponges soutenues à l’aide d’un bandage fixé autour des reins. Paul d’Égine (III, 52) et Aetius (Tetrab. IV, Serm. IV, cap. 76), d’après Soranus, se servaient aussi, dans le même cas, de gros pessaires de laine bien serrée. Toutefois les anciens paraissent attacher presque autant d’importance aux substances dont ces pessaires étaient imprégnés, qu’a leur puissance méca-