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généraux accessibles à tous et divulgués par le maître, soit dans des leçons orales, soit dans des écrits rédigés ordinairement sous forme aphoristique (Cf. Meib., 98, 9). — Les ἀκροάσεις sont les leçons orales auxquelles les adeptes seuls étaient admis, et dans lesquelles le maître traitait des questions scientifiques transcendantes. Cette division de renseignement, que l’on retrouve dans l’école de Pythagore, mais enveloppée sous la forme mystique de l’initiation égyptienne, était suivie par Platon (Cf. Galien de Subst. facult. nat., IV, p. 758[1]), mais surtout par Aristote, ainsi que nous le voyons dans Aulu-Gelle (N. att., XX, 5). Aristote appelait les préceptes vulgaires ἐσωτερικά, et les leçons réservées pour les adeptes ἀκροαματικά. Ainsi, quand le Serment fut rédigé, les mots de la langue usuelle n’avaient pas été remplacés par des termes techniques, dont le chef du péripatétisme paraît être l’inventeur. Cette considération porte à penser que cette pièce date d’une époque où la division de renseignement n’était pas encore nettement opérée, ou du moins formulée, c’est-à-dire à l’époque de Platon. — Heurn et Dacier entendent par les autres parties de l’art (τῆς λοιπῆς ἁπάσης μαθήσιος), l’application pratique aux cas particuliers. L. Choulant (Hist. litterar. Jahrbuch, 2e année, Leipzig, 1839, p. 114) pense que l’auteur désigne par les παραγγελίαι, les leçons de petite chirurgie, et l’étude des symptômes au lit du malade, par les ἀκροάσεις, les cours scientifiques, et par λοιπὴ μάθησις un cours de clinique pour les élèves avancés. Mais il admet aussi l’autre interprétation.

6. Οὐδὲ γυναικὶ πεσσὸν φθόριον δώσω. Le serment est à ma connaissance le seul livre de la collection hippocratique où se trouve le mot πεσσός[2]. Mais on trouve dans les différents écrits qui la composent, par exemple dans le traité des Lieux dans l’homme, et surtout dans les traités relatifs aux maladies des femmes et à la génération, la mention de formes médicamenteuses qui, sous le nom générique de πρόσθετον ou πρόσθεμα (que les traducteurs latins rendent tantôt par pessus, tantôt par subditium), ré-

  1. Galien semble placer le Timée parmi les livres acroatiques ; la nature même de ce livre autoriserait ce sentiment ; je ne sache pas du reste qu’on ait fait attention à ce passage de Galien.
  2. Je remarque d’une part que le verbe δώσω n’est guère applicable à un pessaire tel que le définissaient les anciens ; et d’une autre que Soranus (de Arte obstetrica, etc., texte grec, éd. de Dietz, p. 59), qui cite ce passage, ne semble pas avoir eu sous les yeux un texte qui portât πεσσόν, voici ses paroles : « Il y en a qui rejettent les médicaments abortifs, invoquant le témoignage d’Hippocrate, qui dit : « οὐδ’ ἂν οὐδενὶ φθόριον [δώσω] ; » c’est-à-dire, je ne donnerai rien d’abortif.