Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
ÉPIDÉMIES.

-uns avaient perdu la voix depuis longtemps, beaucoup étaient couverts de sueur. Voilà ce qui se passait ordinairement quand l’issue devait être fatale. Les symptômes étaient à peu près semblables chez les phrénétiques. Ils n’étaient pas fort altérés ; aucun ne fut pris de délire furieux comme dans les cas, ordinaires de phrénitis. Ils périssaient accablés dans une sorte de cataphora, avec engourdissement et de mauvais caractère.

18. [7] Il régnait encore d’autres espèces de fièvres, dont je parlerai. Chez plusieurs, aphthes, ulcérations à la bouche ; fluxions abondantes vers les parties génitales ; ulcérations ; tumeurs internes ou externes aux aines ; ophthalmies humides, tenaces, douloureuses ; végétations sur les paupières, en dehors et en dedans ; elles détruisirent la vue chez beaucoup de personnes ; on les nomme fics (31). Il se formait aussi beaucoup de végétations sur les autres ulcères et sur les parties génitales ; durant l’été, il y eut beaucoup d’anthrax et d’autres maux qu’on appelle pourriture ; de larges ecthyma (32), et souvent de larges herpès.

19. [8] Chez un grand nombre d’individus, il y eut des accidents nombreux et menaçants du côté du ventre ; d’abord des ténesmes douloureux chez plusieurs et principalement chez les enfants, et chez ceux qui n’avaient pas encore atteint l’âge de puberté ; la plupart y succombaient. Il y eut beaucoup de personnes affectées de lienterie, de dyssenterie qui n’était pas non plus très douloureuse ; déjections bilieuses, grasses, ténues et aqueuses. Chez plusieurs, la maladie consistait dans ces seules déjections qui survenaient sans fièvre ; chez d’autres il y avait de la fièvre ; tranchées douloureuses, mouvements abdominaux de mauvaise nature ; évacuations, bien qu’une grande quantité de matières fussent retenues [dans les intestins] ; ces évacuations ne dissipèrent pas les douleurs ; il était mauvais de les solliciter par des remèdes, car les purgations nuisaient le plus souvent. Les choses étant ainsi, beaucoup de malades succombèrent rapidement ; d’autres traînèrent plus longtemps. Enfin, pour le dire en résumé, tous les malades, et ceux dont l’affection