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ÉPIDÉMIES.

comme rentrant dans la règle commune. Car si dans ses écrits légitimes il a recours à la saignée pour toutes les grandes maladies et ne prend en considération pour son emploi que l’âge et les forces du malade, et si dans celui-ci il ne parle que d’une saignée faite au 8e jour, on ne saurait admettre qu’il s’est abstenu de ce moyen, mais on doit penser qu’il s’est abstenu de la mentionner comme une chose ordinaire[1]. »

Ces réflexions sont très sensées ; elles ont une grande apparence de vérité et Galien me semble avoir pris le parti le plus sûr. Du reste, le traité du Régime dans les maladies aiguës, et les notes que j’y ai jointes prouveront que la thérapeutique d’Hippocrate n’était pas si timide, et la pharmacologie si restreinte que certains critiques affectent de le proclamer.

Pour remplir mon cadre habituel, il me reste à dire quelques mots de l’origine du premier et du troisième livre des Épidémies, sur la légitimité desquels, pour le dire par avance, on ne saurait élever aucun doute fondé. Les témoignages sur cet ouvrage remontent jusqu’à Bacchius (vers l’an 250 av. J.-C., qui avait donné une édition très estimée du troisième livre des Épidémies, et qui avait fait un commentaire sur le sixième livre[2] ; il explique dans le premier livre de son traité des Dictions (voir page 32 de mon éd.) un des mots obscurs du premier livre et un autre du troisième[3]. — Zeuxis avait commenté au moins le troisième et le sixième livre. Galien nous apprend que ses commentaires peu estimés étaient devenus rares de son temps. Toutefois il remarque que Zeuxis avait justement repris ceux qui interprétaient mal les histoires des malades, et qu’il s’était appliqué à relever les erreurs commises par

    mais ne rien faire dans la période d’état ; on retrouve ce principe surtout dans les Aphorismes (ii, 29, 30) et le traité du Régime dans les maladies aiguës. M. Littré (t. III, p. 22) confirme la doctrine d’Hippocrate par celle du docteur Twining qui a reconnu que dans les fièvres rémittentes et pseudo-continues des pays chauds (celles auxquelles Hippocrate avait affaire), les saignées sont d’autant plus avantageuses qu’elles sont faites plus près du début de la maladie, et qu’elles nuisent ordinairement après le 8e jour.

  1. Com. I, in Epid. III, texte 3, p. 484. Ailleurs (de Venœ sectione adversus Erasistratum, cap. 5, t. x, p. 163), il s’élève avec indignation contre Asclépiade, cet homme si vaniteux qui bouleversait tous les dogmes établis avant lui, qui n’épargnait aucun de ses devanciers, pas même Hippocrate, et qui ne rougissait pas d’appeler la médecine des anciens une méditation sur la mort. — Asclépiade comprenait vraisemblablement les Épidémies dans son accusation.
  2. Cf. Gal., Com. I, in Epid. VI, in proœm., 794 ; et Com. II, in Epid. III, texte 5, p. 619.
  3. Cf. Érotien, Gloss., éd. de Franz, p. 322 et 382.