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ÉPIDÉMIES.

chaud, le sec et l’humide, que le résultat de l’observation. Quintus[1], combattant la théorie, prétendait que cette relation devait être établie sur la seule expérience et non sur la recherche raisonnée de la cause, et c’est dans ce sens qu’il interprétait les Épidémies et les Aphorismes. Il allait peut-être trop loin pour les Aphorismes, mais pour les Épidémies il se rapprochait, ce me semble, plus du véritable esprit de ce livre que Galien, Le reproche le plus grave que-pouvait encourir Quintus dans son mode d’interprétation, et Galien n’a pas manqué de le lui adresser, c’est qu’il sépare les Épidémies de certains livres de la collection où domine la théorie des humeurs et des qualités élémentaires (le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, celui de la Nature de l’Homme, et aussi la troisième section des Aphorismes) ; c’est qu’il enlève aux Épidémies leur caractère pronostique, c’est qu’il en fait un livre qui ne peut servir ni à prévenir les maladies populaires, ni à les traiter ; car, dit Galien, on ne peut arriver à toutes ces choses, si on ignore quelle diathèse les intempéries de l’atmosphère produisent dans le corps.

Galien avait encore très bien compris que les principes généraux et les faits de détail consignés dans les Épidémies avaient tout ensemble une valeur intrinsèque positive et un rapport constant avec les principes et les faits consignés dans le Pronostic. Je le laisse parler lui-même : « Avant d’entrer dans le commentaire de chaque malade en particulier, il m’a semblé, dit-il, que la clarté et la brièveté de mon exposition réclamaient quelques réflexions générales. J’ai souvent démontré dans mes autres ouvrages, et en particulier dans mon traité de la Méthode thérapeutique, qu’il y avait deux modes d’investigation, l’un qui arrive par le raisonnement à la connaissance de ce qu’il y a de général et de commun dans chaque espèce, l’autre qui s’élève de la considération des parties à ce qu’il y a de général et de commun en elles… C’est pourquoi, dans tous les ouvrages que j’ai faits, je ne me suis pas contenté de la généralisation ; mats j’ai eu recours aux particularités, notant, d’après les écrits d’Hippocrate, et surtout d’après les Épidémies, les passages dans lesquels il rappelle les symptômes observés chez les malades depuis le commencement jusqu’à la fin. Ainsi, dans mon traité de la Dyspnée, j’ai rappelé tous ceux qui dans les Épidémies avaient été atteints de dyspnée ; ainsi, dans mon traité des Jours critiques, j’ai parlé de ceux qui avaient eu des

  1. Cf. la note p. 231, et aussi Com. III, in Aph. in proœm., t. XVII, 2e part., p. 562. — Comm. II, in Epid. I, t. 7, p. 99 ; Cf. encore Étienne, Schol. in Aph. p. 344, n. 2 et p. 356, n. 1, éd. de Dietz.