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ÉPIDÉMIES.

paraplégies ; chez quelques-uns elles devinrent mortelles. Les causus commencèrent avec le printemps et régnèrent pendant toute l’année. Jusqu’en automne ils furent peu dangereux ; mais à cette époque ils prirent un caractère très grave ; chez beaucoup de malades, il survint des épistaxis qui furent toujours une voie de salut quand elles étaient abondantes. Hippocrate remarque que l’humeur hémorragique était tellement prédominante, que, chez les personnes qui n’eurent pas d’hémorragie vers la crise, et chez qui elle se fit incomplètement et irrégulièrement, il survint des épistaxis le vingt-quatrième jour après. Il ajoute que chez les femmes les règles apparaissaient pendant le cours de ces fièvres, qu’elles venaient même chez les jeunes filles pour la première fois, et que ce fut un moyen de salut. Cette année fut fatale aux femmes en couche. Chez presque tous les malades les urines ne présentaient pas de signe de coction, et ils furent attaqués de dyssenteries, ce qui fut pour eux une sorte de compensation.

§. 9. Les causus continuèrent jusqu’à l’hiver de l’année suivante ; mais parallèlement aux causus, il se développa des phrénitis dès le commencement de l’automne. Hippocrate, revenant aux causus, déclare que dès le début de cette maladie il se manifestait des signes qui permettaient de pronostiquer les cas où la terminaison serait funeste, et il énumère ces signes ; les malades mouraient le sixième jour, baignés dans la sueur. La marche du phrénitis n’était pas la même : la crise arrivait le onzième jour chez la plupart et le vingtième chez quelques-uns. En somme, il y eut un très grand nombre de malades ; Hippocrate a soin de signaler les constitutions qui furent les plus exposées, et il note que les malades étaient surtout sauvés par quatre phénomènes : une épistaxis ; des urines abondantes avec un sédiment abondant et favorable ; des flux intestinaux ; la dyssenterie, et chez les femmes, les menstrues. Hippocrate s’arrête ensuite spécialement sur les caractères, la marche et l’influence des crises, sur les intermissions et les rechutes dans ces maladies. La description de cette constitution est suivie, comme celle de la seconde, de réflexions générales sur les signes pronostiques (§. 10), sur la division des fièvres, sur la marche et sur la nature des diverses espèces (§. 11) ; enfin sur les mouvements critiques dans les mêmes fièvres considérées en général (§. 12).

Livre III, §§. 13 et 14. La quatrième année, australe et humide, fut remarquable par la diversité, l’étrangeté et la gravité des affections qui régnèrent pendant son cours, et c’est de là que quelques-uns l’ont appelée constitution pestilentielle. Hippocrate énumère d’abord les maladies dominantes : — érysipèles, maux de gorge,