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ÉPIDÉMIES.

1er et le 2e livre Hippocrate décrit les constitutions de l’atmosphère, après quoi il énumère les maladies qui régnèrent épidémiquement (ἐπιδημήσαντα νοσήματα) ; car s’étant servi de ces mots pour désigner les maladies [dépendantes des constitutions atmosphériques], il a pris cette inscription (voy. p. 238, n. a) parcequ’il traite des maladies épidémiques (τῶν ἐπιδημίων νοσημάτων) et non à cause des voyages (ἐπιδημίων) que lui Hippocrate a faits dans ces villes [pour observer ces maladies][1]. » Galien ajoute, si toutefois je comprends bien son texte, qui ne me semble ni intact ni régulier, que c’est par abus que ce titre s’est étendu aux autres livres réunis au premier et au troisième.

Les modernes ne sont pas encore bien fixés sur la classification et les dénominations à employer pour les maladies populaires ; il n’est donc guère possible de déterminer à quel groupe il faut rapporter ce qu’Hippocrate et d’après lui les médecins grecs appellent maladies épidémiques. Si l’on considère qu’Hippocrate, dans le traité qui nous occupe, range exclusivement sous ce nom les maladies annuelles produites par l’intempérie des saisons, on sera porté à regarder le mot Épidémie comme synonyme de ce que nous entendons aujourd’hui par constitution médicale saisonnière intempestive, pendant laquelle règnent sur une masse d’individus des maladies ordinaires qui revêtent toutes un caractère général plus ou moins tranché, tandis que le nom d’Épidémie proprement dit est réservé à une époque pendant laquelle règne une maladie accidentelle, tenant à des causes générales indépendantes des localités, sévissant sur un grand nombre d’individus à la fois, qu’elle affecte de la même manière, fidèlement représentée par chaque malade en particulier dans sa marche générale, se montrant sous une forme presque toujours identique, ordinairement grave, souvent nouvelle, ou, si c’est une maladie ordinaire, présentant un caractère spécial dont le traitement est la meilleure pierre de touche. — La 4e constitution renferme de véritables épidémies, telles que nous les entendons aujourd’hui. J’arrive maintenant à l’analyse sommaire des quatre constitutions.

Livre I, §. 1. Première année. Elle fut australe et sèche. Au commencement du printemps il régna pendant quelques jours une constitution opposée et boréale. Durant cette constitution intercurrente, il y eut quelques causus bénins, des parotides suivies d’orchites[2].

  1. Cette dernière origine ne paraît pas déraisonnable à Foës. (Cf. De Morb. vulg. prœf.) Palladius (Schol., in Epid. VI, p. 3), la rejette absolument.
  2. M. Littré (t. II, p. 531) a retrouvé dans le journal de médecine (t. 63,