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ÉPIDÉMIES.

Les conclusions de Desmars ont été acceptées par M. Littré (t. II, p. 538 et 587), et si, comme ce dernier, je n’avais pas craint de trop m’écarter de la coutume des éditeurs d’Hippocrate, j’aurais présenté de suite et à part les constitutions et les observations, mais le lecteur pourra très bien se conformer à cet ordre en lisant les Épidémies. C’est du reste celui que je suis pour l’analyse des constitutions.

Avant d’aller plus loin dans l’analyse du traité qui nous occupe, il est bon de dire quelque chose du mot Épidémies qui lui sert de titre. Galien s’est en partie chargé de ce soin : « Hippocrate de Cos, dit-il[1], ne s’est pas proposé de traiter dans ce livre des maladies propres aux diverses contrées, comme il l’a fait ailleurs. Son travail porte sur les maladies épidémiques, c’est-à-dire sur celles qui règnent momentanément sur les populations. Les maladies épidémiques diffèrent des maladies endémiques, en ce que les premières sont propres pendant un certain temps à une certaine région, tandis que les secondes sont pour ainsi dire attachées par des liens de parenté aux habitants de certaines contrées. Dans le livre des Airs, des Eaux et des Lieux, Hippocrate s’est occupé des maladies endémiques, celles qui sont propres à chaque pays ; dans celui-ci, il traite des maladies épidémiques, celles qui pendant un certain temps s’étendent sur les villes ou sur des nations tout entières. Il a l’habitude d’appeler ces deux espèces de maladies, communes à tous (πάγκοινα) et populaires (πάνδημα)· Il nomme sporadiques (σποραδικά) toutes les maladies qui ne sont pas communes à plusieurs, mais qui n’attaquent que quelques individus en particulier. » Un peu plus loin (p. 11 et 13), Galien remarque qu’Hippocrate faisait rentrer les maladies pestilentielles (νοσήματα λοιμώδη) dans les maladies épidémiques proprement dites, et lui-même ne les en distingue que par leur caractère pernicieux[2] ; les unes et les autres dépendent essentiellement des intempéries des saisons. Ailleurs encore[3] Galien dit : « Dans le

  1. Com. I, in Epid. I, in proœm., p. 1. Ce texte est certainement altéré ; je me suis guidé parfois plutôt sur le sens général que sur la lettre même. Il n’y a point de manuscrits à la Bibliothèque Royale qui renferme les premières lignes du préambule ; les deux seuls manuscrits qui contiennent ce commentaire, et qui semblent avoir été copiés l’un sur l’autre, sont mutilés au commencement. — Cf. aussi Palladius, Schol., in Hipp. Epid. VI, éd. de Dietz, t. II, p. 1 et suiv.
  2. Cf. Gal. Com. III, in Epid. III, texte 19, p. 667. — Cf. aussi Foës, Économ., au mot Ἐπίδημιος ; Gorris, Definit. med., éd. de 1622 au mot λοιμός et le traité du Régime dans les maladies aiguës (§ 2).
  3. Com. I, in Epid., III, in proœm. p. 796.