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ÉPIDÉMIES.

sième livre n’appartenaient pas toutes à la constitution qui les précède. Le docteur Freind a osé le reprendre, parceque, dit-il, toutes ces maladies sont des fièvres ardentes (causus). Galien n’a pas nié que ces fièvres fussent ardentes. Chaque constitution a des fièvres ardentes d’une nature particulière. Hippocrate prend soin d’établir les caractères généraux dans chaque constitution, et Galien a eu droit d’examiner s’ils se retrouvaient dans les seize histoires du troisième livre. Il a reconnu des caractères très différents, et il en a conclu justement qu’elles ne pouvaient toutes appartenir à la constitution qui les précède, il suffit de renvoyer à la description des fièvres ardentes qu’on y lit pour mettre le lecteur en état de juger de la disparité de ces fièvres, et combien est peu fondée la critique du docteur Freind à cet égard. Qu’on a fasse attention seulement à la manière dont ces fièvres se jugeaient ; aux flux de ventre qui les accompagnaient, à l’aversion insurmontable des malades pour toutes sortes d’aliments, et qu’on compare ces symptômes avec ceux des malades abdéritains. » Desmars démontre ensuite par un calcul très précis que le même médecin n’a pas pu observer dans la même constitution les seize malades dont il s’agit. La première raison, c’est que parmi eux les uns résidaient à Thasos, les autres à Larisse, à Abdère, à Cyzique, à Mélibée ; la seconde, c’est que chez plusieurs la maladie dura fort longtemps. En sorte que le médecin qui a traité tous ces malades n’a pu séjourner moins de neuf mois dans toutes ces villes, sans y comprendre le temps nécessaire pour s’y transporter ; mais les fièvres ardentes, qui avaient commencé au printemps, finirent dans l’automne ; ce qui ne donne pas neuf mois, suivant la distribution des saisons dans Hippocrate.

« Si on demande, ajoute Desmars, quel était l’objet de l’auteur en proposant des observations faites à Thase, à Abdère, Larisse, Cyzique et Mélibée, je réponds que les quarante-deux histoires ont été probablement tirées dans des collections considérables d’observations faites dans les villes de la Grèce et de la partie de l’Asie habitée par les Grecs, et surtout dans l’île de Thase, où les trois premières constitutions ont été observées ; que ces histoires, ainsi que les constitutions, ont été choisies dans la vue de nous faire connaître, d’une part les influences des saisons ou les changements qu’elles peuvent causer dans les maladies des différentes années, et d’autre part, les lois fixes et stables que suivent ces mêmes maladies, quelque nom qu’on veuille leur donner, dans quelque année que ce soit, et dans tous les pays du monde. »