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ÉPIDÉMIES.

que quelques éditeurs avaient entrevu, mais dont ils n’avaient tiré aucune conséquence, attira d’une manière toute spéciale l’attention de Desmars[1]. De l’examen auquel il s’est livré il résulte que la disposition primitive des Épidémies a été bouleversée par les premiers éditeurs ; que les quatre constitutions doivent être groupées ensemble, que les histoires doivent être rangées de suite, enfin que presque toutes doivent être étudiées comme des faits individuels et interprétées indépendamment des constitutions.

« On pourrait objecter, dit Desmars, que ces histoires appartiennent aux constitutions après lesquelles elles sont rapportées, puisque Philiscus, qui est le sujet de la première (1er livre), est dénommé expressément dans la troisième constitution. On peut citer d’ailleurs plusieurs autres histoires qui ont dû être observées dans quelqu’une des quatre constitutions[2]. Il faut convenir que l’auteur des constitutions est certainement l’auteur des quarante-deux histoires ; que l’un et l’autre ouvrage ont pu être faits dans le même temps ; au moins, que plusieurs observations de maladies particulières ont été faites durant les constitutions, qui fournissaient des occasions favorables d’observer les symptômes des maladies dans toute leur latitude. Rien n’empêche donc de placer les histoires à la suite des constitutions ; mais sans confusion, sans interposition, sans en inférer que ces deux ouvrages ne soient qu’un seul et même ouvrage.

Galien[3] a reconnu que les seize histoires qui terminent le troi-

  1. Dans ses Épidémiques d’Hippocrate, traduites du grec ; Paris, in-12, 1767 ; p. 8 et suiv.
  2. Vallésius (in lib. Hipp. de morb. pop. Commentaria) a établi que les histoires d’Hérophon (3e mal., 1re  sér.) d’Érotinus (8e mal., 1re  sér.), d’Hermippus le Clazoménien (10e mal., 1re  sér.) (et l’on pourrait ajouter de Méthon, 7e mal., 1re  sér.), se rapportent à la 3e constitution. M. Littré (t. II, p. 570) a démontré que Philiscus nommé par Hippocrate dans la 3e constitution était le 1er  malade du Ier livre. Je crois aussi que Cléonactidès (6e mal., 1re  sér.) est un de ceux qui, dans la 1re  constitution, furent atteints des fièvres bénignes qui régnèrent pendant l’été et l’automne. Enfin plusieurs observations disséminées dans les deux livres se rapportent à la grande fièvre pseudo-continue et à ses diverses espèces, qui ont surtout régné dans la troisième constitution ; mais on ne peut pas toutes les rapporter à cette constitution, puisque la plupart des malades ont été observés ailleurs qu’à Thasos où elle régna. Il faut remarquer en outre avec Desmars (p. 13) que les histoires du 1er  livre qui peuvent appartenir à la première et à la deuxième constitution sont confondues avec celles de la troisième, et que quelques-unes même se trouvent parmi les histoires du 3e livre.
  3. Gal. Com. III, in Epid. III, texte 71, p. 736. Il regarde même, et avec raison, plusieurs cas comme tout à fait sporadiques.