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NOTICE SUR HIPPOCRATE.



S’il ne s’agissait pour le biographe d’Hippocrate que de recueillir les témoignages incontestables sur la vie de cet illustre médecin dont la renommée a rempli tous les âges, il lui suffirait de quelques lignes pour accomplir sa tâche : mais peu satisfaits d’un petit nombre de renseignements qui leur paraissaient sans doute réduire à de trop mesquines proportions l’image auguste du prince de la médecine, quelques panégyristes se sont plu à charger la vie d’Hippocrate d’une foule de récits dont la plupart sont incertains, et dont plusieurs sont évidemment faux, et même absurdes. Ces panégyristes ont assurément prétendu, par des ornements étrangers et par le prestige du merveilleux, rehausser le mérite et étendre la gloire de leur héros, comme si les immortels ouvrages du chef de l’école de Cos ne lui assuraient pas un nom plus illustre et plus durable que cette gloire factice appuyée sur des narrations convaincues d’imposture et de ridicule au plus simple examen.

Ainsi, l’œuvre du biographe d’Hippocrate consiste moins à édifier qu’à détruire ; moins à dire ce qu’il y a de vrai qu’à montrer ce qu’il y a de faux ou d’incertain, en un mot moins à raconter comme historien que comme critique. Jusqu’à ces derniers temps les antiques récits sur la vie du médecin de Cos ont été acceptés avec une foi robuste. Et malgré les recherches de Schulz, de Grimm, d’Ackermann et de Sprengel, en Allemagne, on trouve reproduites dans les biographies françaises les plus modernes (j’en excepte le Dict. hist. de la méd. anc. et mod.), presque toutes les fables imaginées sur le