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du cœur, mais il en laisse solide le bout, et il est comme cousu par dehors. L’autre gît par-dessous principalement, et répond directement à la mamelle gauche surtout, où le battement se fait sentir.

5. (Paroi du cœur. Sa loge entre les poumons. L’office du poumon est d’en tempérer la chaleur.) Le cœur a une paroi épaisse, et est logé dans une fosse dont la forme ressemble à celle d’un mortier. Il est mollement revêtu du poumon, et, ainsi entouré, modère l’intempérie de la chaleur ; en effet, le poumon est naturellement froid, et de plus la respiration le rafraîchit.

6. (Intérieur des deux ventricules. Le feu inné est dans le gauche.) Les deux ventricules sont raboteux en dedans et comme corrodés, le gauche plus que le droit ; le feu inné n’est pas dans le ventricule droit ; il ne faut donc pas s’étonner que le ventricule gauche ait plus d’aspérités, puisqu’il attire en soi de l’air intempéré. En dedans aussi il est d’une construction épaisse pour garder la force de la chaleur.

7. (Orifices artériels des deux ventricules. Sources de la vie.) Ils n’ont point d’orifices apparents, à moins qu’on n’excise le sommet des oreillettes ou la pointe du cœur ; par cette excision apparaissent les deux orifices des ventricules ; au lieu que, si l’on coupe la grosse veine (artère pulmonaire ou aorte) qui provient de l’un des deux, la vue sera trompée. Ce sont là les sources de la nature humaine, les fleuves du corps qui en arrosent l’ensemble, qui y portent la vie ; et, quand ils sont desséchés, l’homme est mort.

8. (Oreillettes. Ce sont des soufflets qui insufflent l’air dans le cœur, comme les soufflets ordinaires le poussent dans les fourneaux. L’auteur a remarqué que les ventricules ne se contractaient pas en même temps que les oreillettes.) Près de l’origine des veines (artère pulmonaire ou aorte), autour des ventricules sont disposés des corps mous, sinueux, qu’on nomme oreilles à la vérité, mais qui ne sont pas des pertuis d’oreilles ; car ils n’entendent pas le cri. Ce sont des instruments par les-