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DU CŒUR.

1. (Forme du cœur. Péricarde. Liquide qu’on y trouve ; il provient d’un peu de boisson qui passe dans le poumon.) Le cœur est d’une forme pyramidale et d’une couleur rouge foncé. Une tunique lisse l’enveloppe, dans laquelle est un peu de liquide, semblable à de l’urine, de sorte que vous diriez que le cœur se tourne dans une vessie. Cela existe, afin qu’il batte vigoureusement en bonne garde. Il y a juste autant de liquide qu’il en faut pour remédier au feu qui brûle le cœur. Ce liquide est une sérosité filtrée par le cœur qui boit, reçoit et consume, lappant la boisson qui arrive au poumon.

2. (L’auteur soutient qu’une toute petite partie de la boisson passe dans le poumon par le larynx, malgré l’épiglotte. Expérience qu’il institue sur un animal vivant pour justifier son assertion.) En effet, si la plus grande partie de la boisson va dans le ventre (l’estomac est comme un entonnoir qui en recueille le gros ainsi que tout ce que nous prenons), il en va aussi dans le larynx, mais peu et juste ce qu’il en faut pour passer, sans être senti, à travers la fente. Car l’épiglotte est un couvercle qui bouche exactement, et qui ne laisserait pénétrer rien de plus que de la boisson. Voici la preuve du fait : Teignez de l’eau avec du bleu ou du minium, donnez-la à boire à un animal très-altéré, particulièrement un porc (c’est une bête qui n’est ni délicate ni propre), puis coupez-lui la gorge pendant qu’il boit, vous la trouverez colorée par la boisson ; mais cette opération ne réussit pas entre les mains du premier venu. Il ne faut donc pas refuser de nous croire au sujet de la boisson, quand nous disons qu’elle fait du bien au canal chez l’homme. Mais alors comment de l’eau arrivant en abondance cause-t-elle