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feu inné et de l’intelligence ; l’intelligence qui commande au reste de l’âme. Si les valvules du côté droit servent à faire que l’air venant du poumon n’y entre qu’en petite quantité, à quoi serviront les valvules du ventricule gauche ? elles empêcheront que le sang de l’aorte n’y pénètre. Ce sang est grossier et troublerait l’aliment du feu inné, de l’intelligence, aliment qui est une émanation pure et lumineuse du sang, contenu dans le ventricule droit.

Dans cette théorie, l’air est nécessaire au cœur pour le rafraîchir ; c’est cette prétendue nécessité qui va diriger l’esprit pour former une hypothèse sur l’usage des oreillettes. Elles sont des soufflets disposés comme les soufflets des fourneaux. Seulement, les soufflets des fourneaux activent la combustion ; ceux du cœur tempèrent la chaleur qui est propre à cet organe.

Deux fois l’auteur s’occupe des fins de la structure et admire avec quelle habileté elles sont atteintes. La première, c’est à propos des valvules sigmoïdes ; il est instruit de leur usage qui est de fermer le cœur du côté de l’artère ; et dès lors son admiration ne se méprend pas quand il fait remarquer avec quelle exactitude elles accomplissent leur office. Mais elle se méprend quand, se tournant vers les oreillettes, elle loue la main de l’artiste habile qui les a si bien arrangées pour souffler l’air dans le cœur. Ces déceptions de la téléologie sont perpétuelles dans l’histoire de la science ; à chaque instant on s’est extasié devant des structures que l’imagination seule appropriait à certaines fonctions. « Cet optimisme, dit Condorcet dans son fragment sur l’Atlantide, qui consiste à trouver tout à merveille dans la nature telle qu’on l’invente, à condition d’admirer également sa sagesse, si par malheur on avait découvert qu’elle a suivi d’autres combinaisons ; cet optimisme de détail doit être banni de la philosophie, dont le but n’est pas d’admirer, mais de connaître ; qui, dans l’étude, cherche la vérité et non des motifs de reconnaissance. »

Ceux qui sont portés à voir dans la science antique plus qu’elle ne contient réellement pourront dire que les anciens