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vint de violentes tempêtes ; les vaisseaux d’Artémise coururent tous risque de périr, beaucoup même périrent effectivement ; son armée fut en butte à des foudres répétées ( et remarquez que l’île est rarement frappée de la foudre) ; on ajoute que des visions de héros apparurent à la reine. Effrayée de tout cela, elle renonça à ses œuvres de cruauté, et lui fut arraché un aveu amer, amer aussi à rapporter, et que j’omettrai. Ici encore je rendrai témoignage à mes ancêtres d’une particularité très-certaine qui montre que les gens de Cos ne prirent volontairement les armes ni contre vous ni contre les Lacédémoniens et les autres Grecs, bien que beaucoup de ceux qui habitent les îles et l’Asie se fussent joints aux barbares dans la guerre, sans y être contraints. Cette particularité, la voici : les chefs de la ville étaient alors Cadmus et Hippolochus ; il est avéré que Cadmus et Hippolochus sont mes ancêtres ; Cadmus, qui régissait le sénat, est du côté de ma mère ; Hippolochus est Asclépiade, et le quatrième à partir de Nébros, celui qui avait coopéré à la ruine des Criséens ; or, nous sommes Asclépiades du côté des mâles. Ainsi donc à nos ancêtres appartient cette belle action. Je reviens à Cadmus ; ce personnage avait tellement à cœur l’honneur de la Grèce que, quand l’île cessa d’être assiégée par Artémise, il laissa sa femme et sa famille, et se rendit avec ceux qui pensaient comme lui, en Sicile, afin d’empêcher Gélon et ses frères de s’allier aux barbares contre les Grecs ; il y a aussi de lui beaucoup d’autres actes honorables qu’il est hors de propos d’énumérer. Tels sont les services rendus par le peuple de Cos et par nos ancêtres à vous et aux Grecs, sans compter beaucoup d’autres semblables ; car la puissance de la parole me fait défaut. Maintenant je vais rapporter à ceux qui en ignorent le service d’Hippocrate, mon père ; et je ne dirai rien qui soit contraire à la vérité. La peste cheminait dans la contrée des