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envoyé une armée dans leur pays, et les ayant défaits en bataille, ravagèrent leurs campagnes et détruisirent leurs villes. De la sorte, ayant commis bien des violences, ils éprouvèrent un sort rigoureux, et ne furent pas moins punis qu’ils n’avaient péché. Les moins à plaindre étaient ceux qui périssaient dans le combat, puis ceux qui, faits captifs, étaient transportés dans d’autres contrées et d’autres villes, n’ayant pas du moins leurs misères sous les yeux. Les plus malheureux des captifs étaient ceux qui demeuraient sur place, et qui, dans cette humiliante condition, sur leur propre territoire, avec leurs femmes et leurs enfants, voyaient leurs champs et leurs demeures livrés à l’incendie ; et pire encore était le sort de ceux qui, retranchés derrière les murailles, apercevaient partie de tous ces maux ou en apprenaient partie en des récits dépassant, comme c’est l’ordinaire, la réalité, et n’avaient que de chétives espérances de salut. Ils possédaient une ville très-grande, près de ce lieu où est maintenant l’emplacement des courses à cheval ; ils en fortifièrent les murailles, y reçurent les fugitifs des autres villes, mirent dehors ce qui était inutile, introduisirent ce qui était nécessaire, et se résolurent à tenir bon, espérant que la ville ne serait prise ni par bataille d’ennemis, ni par longueur de temps. De leur côté, les Amphictyons détruisirent les autres places, bloquèrent la ville défendue, disposèrent tout pour le siège, et renvoyèrent le reste des soldats dans leurs foyers. Avec le temps, Une maladie pestilentielle envahit le camp, les soldats devinrent malades, quelques-uns moururent, d’autres abandonnèrent le blocus à cause de la maladie ; là-dessus les Amphictyons se troublèrent, et les avis s’y partagèrent, comme c’est l’usage dans les corps délibérants.