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il n’était pas en état d’articuler ; la langue était presque toujours très-amère ; la saignée résolvait ; de l’eau, de l’hydromel en boisson, potions d’hellébore ; le patient, ayant résisté quelque temps, succomba. Il y en avait un autre (§ 81), qui, quand il se lançait à boire, s’effrayait de la joueuse de flûte, si elle se mettait à jouer ; mais, de jour, s’il l’entendait, il n’éprouvait aucune émotion.

20. Hippocrate à Démocrite, salut.

La plupart des hommes, ô Démocrite, ne louent pas ce que l’art médical fait de bien, mais souvent ils attribuent aux dieux le résultat ; et, si la nature, venant à contrarier l’opération, cause la mort de celui qui est en traitement, on accuse les médecins et l’on oublie le divin dans les maladies. Oui, je pense que l’art a en partage plus de blâme que de louange. Certes, je ne suis point arrivé au plus haut point de)a médecine, bien que vieux déjà ; même Esculape n’y était pas, lui qui en est l’inventeur ; car il est souvent en désaccord avec lui-même, comme nous l’ont appris les livres des auteurs. La lettre que tu m’as adressée m’inculpait au sujet de l’administration de l’hellébore. J’étais en effet amené, ô Démocrite, comme devant helléboriser un aliéné, et sans avoir deviné quel tu étais ; mais, éclairé par notre entrevue, j’ai connu, non, par Jupiter, une œuvre de folie, mais une œuvre digne de tout honneur ; j’ai grandement approuvé ton esprit, et je t’ai jugé le meilleur interprète de la nature et de monde ; mais ceux qui me conduisaient, je les ai blâmés comme des aliénés, c’étaient eux qui avaient besoin de purgation. Donc, puisque le hasard nous a réunis, tu feras bien de m’écrire plus souvent et de me com-