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tu m’avais fait prendre, comme à un aliéné, la potion d’hellébore, ma sagesse fut devenue folie, et ils auraient accusé ton art d’avoir été cause accessoire de mon délire ; car l’hellébore, donné dans la santé, obscurcit l’intelligence ; donné dans la folie, est souverain d’ordinaire. Vois, en effet, si tu m’avais surpris, non pas écrivant, mais étendu ou marchant à pas comptés, me parlant à moi-même, tantôt fâché, tantôt souriant à propos des conceptions de mon esprit, ne faisant aucune attention à ceux des gens de ma connaissance qui m’abordaient, captivant mon attention et contemplant assidûment, tu aurais pensé que Démocrite, à s’en rapporter au témoignage des yeux, ressemblait à l’image de la folie. Il est donc nécessaire que le médecin juge des maladies, non pas seulement par la vue, mais par les faits mêmes ; qu’il examine en général les rythmes de la maladie, si elle est au commencement, au milieu, au déclin ; et qu’observant les différences, la saison et l’âge, ainsi que l’ensemble de tout le corps, il applique le traitement ; car