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pas aussi que le monde est plein d’inimitié pour l’homme, et a rassemblé contre lui des maux, infinis ? L’homme n’est, de naissance » que maladie ; en nourrice, il est inutile à lui-même et demandant secours ; ayant grandi, il est méchant, insensé, et remis à des maîtres ; adulte, il est téméraire ; sur le déclin, il est misérable, ayant semé par sa folie les maux qu’il recueille. Le voilà en effet tel qu’il sort du sein sanglant de sa mère, Puis les violents, pleins d’une colère sans mesure, vivent dans les malheurs et les combats ; les autres dans les séductions et les adultères ; d’autres dans l’ivresse ; ceux-ci à désirer ce qui est à autrui, ceux-là à perdre ce qui est à eux. Que n’ai-je le pouvoir de découvrir toutes les maisons, de ne laisser aux choses intérieures aucun voile, et d’apercevoir ce qui se passe entre ces murailles ? Nous y verrions les uns mangeant, les autres vomissant, d’autres infligeant des tortures, d’autres mêlant des poisons, d’autres méditant des embûches, d’autres calculant, d’autres se réjouissant, d’autres se lamentant, d’autres écrivant l’accusation de leurs amis, d’autres fous d’ambition. Et si l’on perçait encore plus profondément, on irait aux actions suggérées par ce qui est caché, dans l’âme, chez les jeunes, chez les vieux, demandant, refusant, mendiant, regorgeant, accablés par la faim, plongés dans les excès du luxe, sales, enchaînés, s’enorgueillissant dans les délices, donnant à manger, égorgeant, ensevelissant, méprisant ce qu’ils ont, se lançant après les possessions espérées, impudents, avaricieux, insatiables, assassinant, battus, arrogants, enflés d’une vaine gloire, passionnes pour les chevaux, pour les hommes, pour