Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 9.djvu/383

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qui, la pensée étant sans jugement, tout ce que le hasard amène est divertissant ? Dans les passions, qu’ont-ils laissé aux bêtes irraisonnables, sauf que les bêtes se tiennent à ce qui les satisfait ? En effet, quel lion a enfoui de l’or en terre ? quel taureau a mis ses cornes au service de son ambition ? quelle panthère s’est montrée insatiable ? Le sanglier boit, mais pas plus qu’il n’a soif ; le loup, ayant déchiré sa proie, ne pousse pas plus loin une alimentation nécessaire ; mais l’homme, pendant des jours et des nuits consécutives, ne se rassasie pas de la table. L’ordre d’époques annuelles amène pour les animaux la fin du rut ; mais l’homme incessamment est piqué par le taon de la luxure. Quoi, Hippocrate ! je ne rirai pas de celui qui gémit d’amour, parce que, heureusement, un obstacle l’arrête ? et surtout je n’éclaterai pas de rire sur celui qui, sans égard pour le péril, se lance à travers les précipices ou sur les gouffres marins ? je ne me moquerai pas de celui qui, ayant mis sur la mer un navire et sa cargaison, s’en va accuser les flots de l’avoir englouti tout chargé ? Pour moi, je ne crois pas même rire suffisamment, et je voudrais trouver quelque chose qui leur fût affligeant ; quelque chose qui ne fût ni une médecine qui les guérit ni un Péon qui leur préparât les remèdes. Que ton ancêtre Esculape te soit une leçon, sauvant les hommes et ayant pour remercîments des coups de foudre. Ne vois-tu pas que moi aussi j’ai ma part dans la folie ? moi qui en cherche la cause, et qui tue et ouvre des animaux ; mais c’était dans l’homme qu’il fallait la chercher. Ne vois-tu