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en prennent une autre ; ils engendrent des enfants et les enterrent ; les ayant enterrés, ils en ont d’autres et les élèvent ; ils souhaitent la vieillesse, et, quand ils y sont, ils gémissent, sans conserver en aucune condition la constance de l’esprit. Les chefs et les rois estiment heureux les particuliers ; ceux-ci souhaitent la royauté ; celui qui régit la cité envie l’artisan comme étant hors de péril ; l’artisan envie le chef comme puissant en toute chose. Car les hommes n’aperçoivent pas le droit chemin de la vertu, chemin libre, uni, où l’on ne choppe pas, et pourtant où nul ne veut s’engager ; au lieu de cela, ils se jettent dans la voie rude et tortueuse, marchant péniblement, glissant, trébuchant, la plupart même tombant, haletant comme s’ils étaient poursuivis, disputant, en avant, en arrière. Les uns, brûlés d’amours illégitimes, se glissent furtivement dans le lit d’autrui, forts de leur impudence ; les autres sont consumés par l’amour de l’argent, maladie insatiable. Ailleurs on se dresse réciproquement des embûches ; celui que l’ambition élève jusqu’aux nues est précipité par le poids de sa méchanceté dans le fond de la ruine. On abat et l’on réédifie ; on fait des grâce3 et l’on s’en repent ; on ravit ce qui est dû à l’amitié, on pousse les mauvais procédés jusqu’à la haine, on fait la guerre aux liens de la parenté, et de tout cela la cause est dans l’amour de l’argent. En quoi diffèrent-ils d’enfants qui se jouent, et pour