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contentement la riche nature, nourrice de tout. De même que, dans l’embonpoint, l’excès de santé est un péril manifeste, de même la grandeur des succès est dangereuse ; et on contemple ces illustres personnages dans leurs mauvaises fortunes. D’autres, mal instruits des histoires anciennes, ont péri par leur propre mauvaise conduite, ne prévoyant pas les choses visibles, pas plus que si elles étaient invisibles, bien qu’ils aient la longue vie comme enseignement de ce qui advient et de ce qui n’advient pas, d’où il fallait savoir reconnaître l’avenir. Donc le sujet de mon rire, c’est les hommes insensés, qui portent la peine de la méchanceté, de la cupidité, de l’insatiabilité, de la haine des guet-apens, des perfidies, de l’envie (c’est vraiment un labeur d’énumérer la multiplicité des ressources qu’a le mal, et là aussi est une espèce d’infini) ; les hommes qui rivalisent d’astuce entre eux, dont l’âme est tortueuse, et chez qui aller vers le pire est une manière de vertu ; car ils exercent le mensonge, cultivent la volupté, désobéissant aux lois. Mon rire condamne leur inconsistance, eux qui n’ont ni yeux ni oreilles ; or il n’y a que le sens de l’homme qui voie loin par la justesse de la pensée, et qui présage ce qui est et ce qui sera. Les hommes se déplaisent à toutes choses et derechef se jettent dans les mêmes choses ; ayant refusé de naviguer, ils naviguent ; ayant repoussé l’agriculture, ils cultivent ; ils chassent leur femme et