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siècle ; personne n’a songé à l’insuccès, mais chacun est animé de bonnes espérances, sans se souvenir des chances mauvaises. Ton rire n’est-il donc ici pas hors de propos ? Mais Démocrite : Combien, Hippocrate, ton esprit est lent, et que tu t’éloignes de ma pensée, en ne considérant pas, par ignorance, les limites du calme et du trouble ! Tout ce que tu viens de dire, ceux qui en disposent avec une sage intelligence se tirent facilement des difficultés et m’épargnent le rire. Au lieu de cela, l’esprit troublé par les choses de la vie, comme si elles étaient solides, les hommes s’enorgueillissent dans leur intelligence déraisonnable et ne se laissent pas instruire à la marche irrégulière des choses, car ce serait un enseignement suffisant que la mutation de toutes choses, intervenant par de brusques retours et imaginant toute sorte de roulements soudains. Eux, comme si elle était ferme et stable, oublient les accidents qui surviennent incessamment, souhaitent ce qui afflige, recherchent ce qui n’est pas utile, et se précipitent dans toute sorte de malheurs. Mais celui qui songerait à faire toutes choses selon ce qu’il peut, tiendrait sa vie à l’abri des revers, se connaissant soi-même, comprenant clairement sa propre constitution, n’étendant pas à l’infini les soins du désir, et contemplant dans le