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quelque autre cause (car bien des choses nous échappent, à nous mortels, qui n’avons pas une bien grande force de certitude), il est nécessaire que toute sorte de ressources soient prêtes pour ce qui est inconnu. Car celui qui est en danger ne se contente pas de ce que nous pouvons ; il veut même ce que nous ne pouvons pas. Presque toujours nous luttons contre deux termes, le patient et l’art, le patient où tout est caché, l’art qui est borné. Des deux cotés il est besoin de la fortune ; et à ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les purgations, il faut pourvoir par la prudence, soupçonnant le mal fait à l’estomac, et ajustant par conjecture la proportion du remède à une nature inconnue ; car la nature de toute chose n’est ni la même ni une ; sans cesse elle détermine et assimile ce qui est autre ; et parfois aussi elle compromet le tout. Beaucoup de reptiles épanchent leur venin sur les plantes, et, béants, ils insufflent, par leur air intérieur, un maléfice en place du remède ; et l’on ne s’en apercevra pas, à moins que quelques taches, quelque souillure, quelque odeur sauvage et malfaisante ne soit l’indice de ce qui est arrivé ; puis, par ce hasard de fortune, l’art manque le succès. Aussi les purgations par les ellébores sont-elles plus sûres, celles dont on raconte que Mélampe se servit pour les filles de Prartus, et Anticyrée pour Hercule. Fasse le ciel que nous ne nous servions, pour Démocrite, de rien de tout cela,