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tains ne me présenteraient point l’appât de dix talents, témoignant que je suis non un médecin, mais un mercenaire. Plût au ciel, Cratères, que tu pusses extirper la racine amère de la cupidité, sans en laisser aucun reste ! nous purgerions, sache-le bien, avec les corps, les âmes malades des hommes. Mais ce ne sont là que des souhaits ; et, pour le cas présent, recueille surtout les plantes des montagnes et des hautes collines ; elles sont plus denses et plus actives que les plantes plus aqueuses, à cause de la densité de la terre et de la ténuité de l’air ; car ce qu’elles attirent a plus de vie. Néanmoins ne néglige pas de cueillir les plantes de nature marécageuse qui croissent près des étangs, celles qui viennent le long des fleuves, des sources, des fontaines, qui, je le sais, sont faibles, peu actives, et d’un suc doux. Que tout ce qui sera suc et jus liquide soit porté dans des vases de verre ; que tout ce qui sera feuilles ou fleurs ou racines, le soit dans des vases de terre neufs bien fermés, afin que, frappées par l’haleine du vent, elles ne perdent pas, dans une sorte de lipothymie, la vertu médicamenteuse. Envoie-nous donc cela aussitôt ; car la saison de l’année est favorable, et la nécessité de cette folie prétendue est urgente. Tout art est ennemi du délai, surtout la médecine pour qui retarder est compromettre la vie ; les opportunités sont les âmes du traitement, et les observer en est le but. J’espère que Démocrite est sain, même sans traitement ; pourtant, s’il y avait soit quelque faute de nature ou d’opportunité soit