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les Abdéritains. » A mon réveil, m’expliquant le songe, je compris que Démocrite n’avait pas besoin de médecin, puisque le dieu même qui traite les malades s’éloignait comme n’ayant pas matière à son art ; mais que la vérité de la santé réside en Démocrite, tandis que l’opinion qu’il est malade réside chez les Abdéritains. J’ai confiance, Philopémen, qu’il en est ainsi ; oui, cela est, et je ne rejette pas les songes, surtout ceux qui gardent un ordre. La médecine et la divination sont proches parentes, puisque Apollon est le commun père de ces deux arts, lui qui est aussi notre ancêtre, présageant les maladies qui sont et qui seront, guérissant les malades actuels et les malades à venir. Porte-toi bien.

16. Hippocrate à Cratevas, salut.

Je sais, ami, que tu es un rhizotome excellent et par ta propre pratique et par l’héritage glorieux de tes ancêtres, de sorte que tu ne le cèdes en rien pour l’habileté à ton grand-père Cratevas. Recueille donc, car c’est le cas ou jamais et la nécessité presse, recueille en fait de plantes ce que tu pourras de mieux, et envoie-les-moi ; il s’agit d’un homme valant toute une ville, un Abdéritain il est vrai, mais Démocrite, que l’on dit être malade et avoir grandement besoin de purgation, vu la folie qui l’afflige. Nous n’aurons pas besoin, j’en ai la confiance, de médicaments, mais il faut être pourvu en tout cas. J’ai bien des fois admiré auprès de toi la vertu des plantes, ainsi que la nature et l’arrangement de toute chose, et le sol très-sacré de la terre, qui enfante les animaux, les végétaux, les aliments, les remèdes, la fortune et la richesse elle-même. Car, sans elle, la cupidité n’aurait pas où poser le pied, et les Abdéri-