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Il y a pourtant, Damagète, quelque mal à ce qu’il rie pour chaque chose. Si l’excès est un défaut, l’excès continu est encore pire. Aussi lui dirais-je : Démocrite, une maladie, un meurtre, une mort, un siège, bref tout mal qui arrive et tout ce qui se fait est pour toi matière à rire. Mais n’est-ce pas aller contre les Dieux, si, la joie et la peine étant toutes deux dans le monde, tu en bannis l’une des deux ? Fortuné tu serais (mais cela est impossible), si jamais n’étaient malades mère ou père, et plus tard enfants, femme ou amis, et que par ton seul rire tout te fut conservé prospère. Mais tu ris quand on est malade, tu te réjouis quand on meurt, tu es bien aise de tout mal que tu apprends. Quel méchant homme tu fais, ô Démocrite, et combien loin de la sagesse, si tu penses que ce ne sont pas là des maux ! Certes, ta raison est troublée, Démocrite, tu cours risque de devenir Abdéritain, et ta ville est plus sage que toi. Mais de tout cela nous parlerons plus exactement sur lieu et place, Damagète ; et le vaisseau est en retard de tout ce temps que je mets à t’écrire. Adieu.

15. Hippocrate à Philopémen, Salut.

Pensant à Démocrite et soucieux, dans mon sommeil de cette nuit, j’eus, vers le lever de l’aurore, la vision d’un songe qui me persuade (car la surprise me réveilla pleinement) qu’il n’y a rien de dangereux. Il me semblait voir Esculape lui--