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sorte qu’eux aussi me semblent avoir besoin de traitement. Quant à moi, je pense que c’est non pas maladie, mais excès de science, non pas excès en réalité, mais excès dans l’idée des gens. L’excès de la vertu n’est jamais un mal ; mais ce qui excède est pris pour une maladie par l’ignorance de ceux qui en jugent. Chacun conclut de ce qui lui manque à lui-même que ce qui abonde en autrui est excessif ; c’est ainsi que de l’excès est trouvé par le lâche dans la vaillance, par l’avare dans la libéralité, et que toute défaillance regarde comme excessif le juste tempérament de la vertu. Mais, en le voyant lui-même, en tirant de là le pronostic, en écoutant ses discours, nous saurons mieux à quoi nous en tenir. Mais toi, fais diligence, ô Dionysius, pour arriver ; car je désire que tu viennes résider dans mon pays jusqu’à mon retour, afin que tu prennes soin de nos affaires, et surtout de notre ville ; toutefois je ne sais par quel concours de circonstances, l’année est salubre et garde sa constitution antécédente, de sorte qu’on ne sera affligé que de peu de maladies. Cependant viens nous trouver. Tu habiteras ma maison dans d’excellentes circonstances ; ma petite femme va demeurer chez ses parents, pendant mon voyage. Pourtant aie aussi l’œil sur sa conduite, afin qu’elle vive sagement et que l’absence de son mari ne lui soit pas une cause de songer à d’autres hommes. Elle fut toujours pleine de réserve, et ses parents sont d’honnêtes gens, surtout son père, petit vieillard singulièrement mâle et haïssant énergiquement le mal. Mais une femme a toujours besoin de qui la dirige ; car