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les autres affections s’écartent comme des esclaves. Ce ne sont pas seulement les aliénés qui cherchent les antres et le calme ; ce sont aussi les contempteurs des choses humaines, par le désir d’être en dehors des troubles ; quand l’esprit, fatigué par les soins du dehors, veut reposer le corps, alors, bien vite, il va dans les lieux tranquilles, et, là, éveillé dès le matin, il considère en lui-même le champ de la vérité où n’est ni père, ni mère, ni femme, ni enfants, ni frère, ni parents, ni serviteurs, ni fortune, ni absolument rien de ce qui cause l’agitation ; tout ce qui trouble, exclu et par crainte se tenant loin, n’ose pas s’approcher, respectant les habitants du lieu ; et les habitants de ce lieu sont les arts, toutes les vertus, les dieux, les démons, les conseils, les sentences ; et dans ce lieu le ciel immense a sa couronne d’astres toujours en mouvement. Peut-être Démocrite y est-il déjà transporté par la sagesse ; et, ne voyant plus ceux de la ville en raison d’un si lointain voyage, il est taxé de folie parce qu’il cherche la solitude. Les Abdéritains, avec leur argent, montrent bien vite qu’ils ne comprennent pas Démocrite. Quoi qu’il en soit, toi, ami Philopémen, prépare-nous l’hospitalité ; car, à la ville déjà troublée, je ne veux pas causer de l’embarras, étant uni depuis longtemps, comme tu sais, avec toi par une hospitalité particulière. Porte-toi bien.

13. Hippocrate à Dionysius, salut.

Ou attends-moi, ami, à Halicarnasse, ou viens ici toi-même avant que je ne parte ; car, de toute nécessité, il me faut aller à Abdère pour Démocrite ; il est malade, et la ville m’a demandé ; on y éprouve pour lui une indicible sympathie ; et la ville, comme une seule âme, est malade avec son citoyen ; de