Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 9.djvu/337

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procession magnifique et pompeuse jusqu’au cyprès, solennité célébrée suivant la coutume par ceux qui appartiennent au Dieu. Mais comme il était visible par les discours et par l’apparence d’Amelesagorès qu’il avait hâte, persuadé, ce qui était en effet, que la chose pressait, j’ai lu votre lettre, et me suis étonné que la cité se troublât comme un seul homme, pour un seul homme. Heureux les peuples qui savent que les hommes excellents leur servent de défenses qui sont, non dans les tours ni dans les murailles, mais dans les sages conseils des hommes sages ! Pour moi, convaincu que les arts sont des grâces des Dieux, mais que les hommes sont des œuvres de la nature, vous ne vous courroucerez pas, à Abdéritains, si j’imagine que c’est non pas vous mais la nature qui m’appelle pour sauver son ouvrage en danger de périr par la maladie. Aussi, obéissant moins à vous qu’à la nature et aux Dieux, j’ai hâte de guérir Démocrite malade, si tant est que ce soit maladie et non une illusion qui vous égare, ce que je désire, et ce qui serait, puisqu’il aurait suffi d’un soupçon pour vous troubler, un plus grand témoignage de votre affection. Pour venir, ni la nature ni le dieu ne m’offriraient de l’argent ; ne me faites donc pas non plus violence, ô Abdéritains, mais permettez que les œuvres d’un art libéral soient libérales aussi. Ceux qui reçoivent un salaire, forçant les sciences à servir en esclaves, semblent leur ôter leur ancienne franchise et les mettre aux fers ; et ils sont bien capables de mentir comme si la maladie était grande, de nier comme si elle était petite, de ne pas venir bien qu’ayant promis, et de venir bien qu’on ne les ait pas appelés. Misérable certes est la vie humaine, pénétrée qu’elle est tout entière par