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siècle futur, si tu n’abandonnes pas Démocrite, pour cette vérité dans laquelle il se flatte d’exceller. Toi, tu tiens, à Esculape par l’art et le sang ; lui descend d’un frère d’Hercule, duquel est né Abderus, comme sans doute tu l’as appris, éponyme de notre ville ; de sorte qu’Hercule aussi saura gré de la guérison de Démocrite. Ainsi donc, ô Hippocrate, voyant un peuple et un homme illustre tomber dans la démence, arrive, nous t’en supplions, en hâte parmi nous. Hélas ! comme le bien même, quand il va dans l’excès, se tourne en maladie ! Car, autant Démocrite s’éleva aux sommités de la sagesse, autant maintenant il est en péril de succomber à la paralysie de l’intelligence et à la stupidité. Au lieu que le gros des Abdéritains, qui sont restés étrangers an savoir, conservent le sens commun, et même, devenus plus intelligents, ils savent juger la maladie d’un sage, eux qui, naguère, n’étaient qu’un vulgaire ignorant. Viens donc avec Esculape le père, viens avec Épione, fille d’Hercule, viens avec les fils d’Esculape, qui furent de l’expédition d’Ilion, viens apporter les remèdes de Péon contre la maladie. La terre produira des racines, des herbes, des fleurs alexipharmaques de la folie ; et peut-être jamais la terre ni les sommets des monts ne produiront rien de plus efficace que ce qui doit rendre présentement la santé à Démocrite. Adieu.

11. Hippocrate au sénat et au peuple des Abdéritains, salut.

Votre concitoyen Amelesagorès est venu à Cos ; c’était, ce jour-là, la prise de la verge, fête annuelle, comme vous savez,