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autres pleins de joie. Même il s’inquiète des choses de l’enfer, et il en écrit ; il dit que l’air est plein de simulacres, il écoute les voix des oiseaux, et, maintes fois se levant de nuit, seul il a l’air de chanter doucement des chants ; d’autres fois, il raconte qu’il voyage dans l’espace infini, et qu’il y a d’innombrables Démocrites semblables à lui. Et sa couleur n’est pas moins altérée que ses idées. Voilà ce que nous craignons, Hippocrate, voilà ce qui nous trouble. Viens donc promptement nous sauver, viens consoler notre patrie ; ne nous dédaigne point, car nous ne méritons point le dédain, et les témoignages en sont parmi nous. Il ne te manquera ni gloire pour avoir sauvé un tel homme, ni argent, ni savoir. Sans doute, le savoir est, à tes yeux, bien préférable aux biens de la fortune ; mais ces biens mêmes te seront donnés par nous en abondance et avec libéralité. Car, pour l’âme de Démocrite, la ville, quand elle serait or, ne suffirait pas à payer ta venue et ta hâte à venir. Nous pensons, Hippocrate, que nos lois sont malades, nous pensons qu’elles délirent. Viens, ô le meilleur des hommes, soigne un homme illustre ; sois non le médecin, mais le fondateur de toute l’Ionie, élevant autour de nous un plus sacré rempart. Tu traiteras la cité, non un homme ; notre sénat malade et risquant de se fermer, tu le rouvriras, toi législateur, toi juge, toi magistrat suprême, toi sauveur. C’est artisan de tout cela que tu tiendras. Voilà ce que nous attendons de toi, Hippocrate, voilà ce que tu seras parmi nous. Une ville qui n’est pas sans illustration, bien plus, la Grèce entière, te supplie de conserver le corps de la sagesse. Imagine que c’est le savoir même qui semble en ambassade auprès de toi, te demandant à être délivré de ce délire. La sagesse, sans doute, est quelque chose qui touche tout le monde ; mais, ceux qui ont été plus près d’elle comme nous, elle les touche bien davantage. Sache-le bien, tu auras la reconnaissance même du