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de Mérops[1], ni d’Hercule, ni d’Esculape, pour l’honneur de qui tous les citoyens sont décidés à ne pas livrer Hippocrate, quand même ils devraient périr de la pire des morts. A Darius et à Xercès, qui, écrivant à nos pères, leur demandèrent la terre et l’eau, le peuple refusa de les donner, voyant qu’ils étaient semblables aux autres hommes et mortels comme eux ; maintenant il fait la même réponse. Partez donc de Cos, car nous ne livrerons pas Hippocrate ; et annoncez au roi, vous, ses messagers, que les Dieux ne nous oublieront pas.

10. Le sénat et le peuple des Abdéritains à Hippocrate, salut.

Le plus grand péril menace en ce moment notre cité, Hippocrate, en menaçant un de nos citoyens, en qui, pour le présent et pour l’avenir, la ville voyait une gloire perpétuelle. Certes, maintenant, ô grands dieux ! il ne serait pas un objet d’envie ; tant il est devenu malade par la grande sagesse qui le possède ; de sorte qu’il y a crainte non petite que, si Démocrite perd la raison, la ville de nous Abdéritains ne soit véritablement abandonnée. En effet, oublieux de tout et d’abord de lui-même, il demeure éveillé de nuit comme de jour, riant de chaque chose grande et petite, et pensant que la vie entière n’est rien. L’un se marie, l’autre fait le commerce, celui-ci harangue, d’autres commandent, vont en ambassade, sont mis dans les emplois, en sont ôtés, tombent malades, sont blessés, meurent ; lui rit de tout, voyant les uns tristes et abattus, les

  1. Mérops était compté parmi les fondateurs de Cos.