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nécessairement, au début de la maladie, le blanc des yeux noircit, si la maladie est intense ; aussi, devenant nets, ils annoncent une guérison complète ; si peu à peu, plus lente ; si tout à fait, plus prompte.

3. (Des Affections internes, § 48.) Les maladies aiguës viennent de la bile, quand elle afflue au foie et se fixe à la tête. Voici les accidents : le foie se gonfle, et, par l’effet du gonflement, se déploie contre les phrènes (diaphragme). Aussitôt une douleur se fait sentir à la tête, surtout aux tempes ; l’ouïe n’est plus fine, souvent même le malade ne voit plus ; le frissonnement et la fièvre surviennent. Ces accidents viennent au début de la maladie d’une manière intermittente, tantôt plus forts, tantôt moins forts. Plus la maladie se prolonge, plus la souffrance du corps s’accroît ; les pupilles se fendent ; il y a amblyopie ; si vous approchez des yeux le doigt, le malade ne s’en aperçoit pas, attendu qu’il ne voit point ; vous connaîtrez qu’il n’y voit point, à ce qu’il ne cligne pas à l’approche du doigt. Il ôte les filaments de sa couverture, s’il y voit, croyant que ce sont des poux. Quand le foie se déploie davantage contre les phrènes, le patient délire ; il lui semble qu’apparaissent devant ses yeux des reptiles, d’autres bêtes de toute espèce, et des hoplites qui combattent ; lui-même combat au milieu d’eux ; et il parle comme voyant des combats ; il se soulève, il menace si on ne le laisse pas aller ; se mettant debout, il ne peut lever les jambes et il tombe. Ses pieds sont toujours froids ; et quand il dort, il s’élance de son sommeil et il voit des songes effrayants. Nous connaissons que ce sont des songes qui le font s’élancer et s’effrayer, à ce que, revenu à lui, les songes qu’il raconte sont conformes aux actes de son corps et aux paroles de sa bouche. Tels sont les accidents. Parfois aussi il gît tout un jour et toute une nuit, sans voix, ayant une respiration forte et pressée. Quand il cesse de délirer, il reprend