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DES JOURS CRITIQUES.

1. (Épid. III, 16.) Je regarde comme une partie importante de l’art l’habileté à porter un juste jugement sur ce qui est écrit. Celui qui en a la connaissance et qui sait en user ne commettra pas, à mon sens, de graves manquements dans la pratique. Il faut apprendre à reconnaître avec exactitude la constitution de chaque saison et de chaque maladie ; à distinguer ce qu’il y a de bon, ce qu’il y a de dangereux soit dans la constitution soit dans la maladie ; quelle maladie est longue et mortelle et quelle est longue et sans danger ; quelle maladie est aiguë et mortelle, et quelle est aiguë et sans danger. Partant de là, on est en état d’observer l’ordre des jours critiques. de tirer le pronostic, et de connaître à quels malades, en quel temps et de quelle manière il faut donner de la nourriture.

2. (Des Semaines, § 46.) Le signe qui indique les malades qui doivent réchapper, c’est quand le causus n’est pas contre nature ; il en est de même des autres maladies ; car rien de funeste ni de mortel ne survient dans les choses conformes à la nature. En second lieu, c’est quand la saison elle-même n’est pas l’auxiliaire de la maladie ; car, en général, la nature de l’homme ne triomphe pas de la force de l’ensemble des choses. En troisième lieu, c’est quand la face cesse d’être vultueuse, et que les veines des bras, des coins des yeux et des sourcils, qui n’étaient pas dans le repos, le gardent dès lors. En outre, si la voix devient plus faible et plus unie, et la respiration plus rare et plus ténue, il y aura amélioration de la maladie pour le lendemain. Voilà ce qu’il faut considérer à l’approche des crises, et aussi, si la langue, à la bifurcation, est enduite d’une espèce de salive blanche ; cela aussi se fait au bout de la langue, mais à un moindre degré ; si cet enduit est petit, la maladie cédera le troisième jour ; si plus épais, le lendemain ; si encore plus épais, le jour même. Ceci encore :