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transformée en une brosse à longues dents pointues, semblable à la carde (scardasso) qui sert à carder la laine[1]. Cet instrument n’est aucunement nécessaire ; il suffit, après avoir excisé les granulations les plus volumineuses, de se servir du scarificateur de Himly[2]. L’emploi de la brosse métallique doit être beaucoup plus douloureux que celui de ce dernier, et les déchirures qu’elle produit pourront amener des cicatrices vicieuses. Cette méthode a été appelée par son auteur le cardage (scardassamento) des paupières.

Une curieuse remarque de mon savant ami et ancien disciple, le Dr A. Anagnostaki, professeur d’ophthalmologie à la faculté de médecine d’Athènes, nous apprend[3] que le procédé hippocratique, légèrement modifié, est encore aujourd’hui en vigueur dans la médecine populaire traditionnelle des Grecs. Après avoir frotté, pour ainsi dire râpé, la conjonctive palpébrale granulée, à l’aide d’un corps rude, comme par exemple avec un morceau de sucre, on cautérise la plaie avec de la fleur de cuivre ; c’est précisément le même topique que nous avons vu conseiller dans le chap. 4, après l’emploi de la scarification et de la cautérisation.

6. L’affection décrite dans ce chapitre, bien qu’on en ait plus tard fait la psorophthalmie, n’est que cette conjonctivite si fréquence, due aux vicissitudes de la température atmosphérique, qu’on appelle ophthalmie catarrhale, et qui est accompagnée de démangeaisons, d’érosion des angles, etc., symptômes que les légers astringents font promptement diminuer. Le nombre des topiques préconisés contre cette affection par les anciens auteurs, est extrêmement grand.

Une formule d’une préparation très-semblable de verjus et d’oxyde de cuivre est donnée. Des Maladies des Femmes, 1, 104, t. VIII, p. 226.

  1. Giornale d’oftalmologia italiano ; Torino, vol. II, 1859, p. 59 et suivantes, surtout p. 15.
  2. Sichel, Iconographie ophthalmologique, § 90 p. 37, et pl. LXIX, fig. 11.
  3. Giorn. d’oftalmol. italiano, vol. II, 1859, p. 145.