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pour l’exactitude de leurs prédictions, avec les uns il a conversé ; pour les autres, il a parlé avec leurs enfants et leurs disciples, ou il a consulté leurs écrits. Cette enquête lui a montré que la merveilleuse exactitude qu’on vantait n’avait rien de réel. On remarquera ce qui est dit des enfants des médecins ; c’était, en effet, la règle en ces temps que les pères instruisissent leurs fils dans la médecine. On remarquera aussi la mention de livres médicaux ; la littérature médicale n’était point pauvre dès cette haute antiquité ; et, comme j’ai eu souvent l’occasion de le rappeler, la Collection hippocratique n’est qu’un fragment d’une production qui avait été active.

L’auteur, § 14, dit qu’il a écrit sur les maladies aiguës, et, par le contexte, on voit qu’il s’agissait du pronostic de ces affections. Nous avons dans la Collection hippocratique un traité que tous les critiques anciens et modernes ont attribué à Hippocrate. Serait-ce, malgré les assertions d’Érotien et de Galien, à ce livre qu’il serait fait allusion ? Quoi qu’il en soit, le Deuxième Prorrhétique en est le pendant pour les maladies chroniques ; et il pourrait porter le titre de Traité du Pronostic dans les affections de longue durée.

Bien que l’auteur écarte avec une ironie dédaigneuse les folies de la prédiction médicale, néanmoins, en véritable médecin hippocratique, il attache le plus grand soin à l’enseignement de toutes les conditions qui la rendent réelle et effective. Il se sert même, pour en caractériser le succès, du mot άγώνισυα (lutte, prix du combat), mot qui n’est pas étranger au reste de la Collection ; car on le trouve dans le livre des Articulations, en ce passage : « Quant aux prédictions brillantes et théâtrales (λαμπρὰ καὶ ἀγωνιστικά), elles se tirent du diagnostic, qui prévoit par quelle voie, de quelle manière, en quel temps chaque affection finira, soit qu’elle tourne vers la guérison, soit qu’elle tourne vers l’incurabilité {§ 58). » Il n’est pas hors de propos de noter aussi ces pronostics du même traité : « (Dans la luxation de l’extrémité acromiale de la clavicule) il faut bien savoir, et l’on peut, si l’on veut, en faire la prédic-