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encore dans la partie seulement de son trajet où le chyle ne s’y mêle pas.

Une espèce de circulation est admise par l’auteur. Suivant loi, la nourriture va du dedans au dehors jusqu’à l’extrême superficie, et de l’extrême superficie elle revient au dedans. Il s’est fait une fausse idée de ce retour de l’aliment. L’aliment entre, en effet, par l’extérieur (surface digestive et pulmonaire), puis il est porté à toutes les parties ; et ce qui en revient n’est plus de l’aliment. Là est la méprise : mais ce qui est bien saisi et bien rendu, quoique avec brièveté, c’est la conspiration et la sympathie de toutes les parties entre elles. Ceci le conduit à comparer le corps vivant à l’ensemble des choses et à exprimer que les êtres vivants et les substances qui ne vivent pas ont une même nature.

Il avait remarqué que dans certaines parties le mouvement de nutrition était moins actif que dans d’autres, ou du moins que l’amaigrissement, la fonte, la colliquation y agissaient beaucoup plus lentement. Tels étaient les os, les tissus fibreux, les muscles, telles étaient aussi les parties exercées par rapport aux parties non exercées.

L’auteur paraît distinguer dans le corps vivant deux facultés principales, l’une qui donne la vie (sans doute la faculté nutritive), l’autre qui donne la sensation. On pourra rapprocher ces notions rudimentaires de la doctrine bien plus précise et bien plus avancée qui est exposée, à ce sujet, dans le traité de l’Ame d’Aristote. On trouve dans les écrits aristotéliques un certain nombre de passages empruntés certainement aux écrits hippocratiques ; mais il serait beaucoup plus difficile de signaler dans ceux-ci des passages certainement empruntés à ceux-là ; remarque qui tend à montrer que, dans la Collection hippocratique, les ouvrages même qui ne sont pas d’Hippocrate paraissent appartenir néanmoins à l’époque qui précède Aristote.

Ce livre de l’Aliment est écrit d’un style coupé où, la plupart du temps, les phrases n’ont pas de verbe. Il ne faut pourtant pas y voir un recueil de notes comme il y en a dans la Col-