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ΠΕΡΙ ΤΡΟΦΗΣ.

DE L’ALIMENT.

ARGUMENT.

Les hippocratiques ne connaissaient, quant à l’aliment, que les deux termes extrêmes : ils savaient qu’il était introduit dans le canal digestif et assimilé à chaque partie, devenant os dans les os, muscle dans les muscles, veine dans les veines, et ainsi du reste. Mais toutes les opérations intermédiaires leur étaient inconnues ; et, en l’absence de notions précises, voici à peu près l’idée qu’ils se formaient : il y avait deux genres d’aliments opposés l’un à l’autre, l’aliment proprement dit, qui entrait par l’œsophage, et l’air, qui entrait par le poumon. Les artères, par le cœur, qui en était la racine et qui était le siège et le réservoir de la chaleur innée, portaient l’air dans tout le corps ; les veines, par le foie, qui en était la racine, portaient partout la substance alimentaire ; de là le cheminement du sang, du, souffle et de la chaleur. Mais quel était le rapport de l’air avec l’aliment, et quelle réaction se passait entre les deux, c’est sûr quoi les hippocratiques n’ont rien dit et ne pouvaient rien dire. On sait que la haute antiquité médicale considérait les artères comme pleines d’air et les veines seules comme vaisseaux du sang. Aussi n’avait-elle que des notions très-incomplètes sur ce liquide ; et ici l’auteur, assimilant le sang au lait, voit dans l’un et l’autre un excédant qui est disponible sur la totalité de l’aliment. Cette conception, fausse quant à la comparaison entre le lait et le sang, est tout à fait insuffisante : le sang, fluide nourricier par excellence, ne pourrait être regardé comme un résidu que dans les veines, et